lundi 18 mai 2009

Réchauffement climatique et Etats-Unis : la capacité d'Obama à impulser une nouvelle politique énergétique.



L'ensemble des médias a célébré fin avril les cents jours de la présidence Obama avec un regard plus ou moins critique.

Les 28 et 29 avril, se tenait à Washington à l'initiative des Etats-Unis et suivant la volonté du président Obama un "Forum des économies majeures sur l'énergie et le climat". Cette rencontre a rassemblé seize pays émettant le plus de Gaz à Effet de Serre (GES) et l'Union Européenne et visait à préparer la conférence de Copenhague dy 7 au 18 décembre 2009.

Dans le même temps, le Président américain s’emploie à convaincre ses compatriotes qu’un changement de modèle énergétique est une question stratégique de sécurité, d’indépendance nationale et de croissance économique.

Mais quelles sont les capacités de la Maison Blanche à impulser un changement dans la politique énergétique des Etats-Unis ?


Sur un plan intérieur, les américains sont de plus en plus conscients des enjeux du réchauffement comme en témoigne la volonté de certains Etats telle la Californie de mettre en œuvre des politiques luttant contre l'effet de serre.

Et le Président Obama est bien décidé à orienter la capacité américaine à l'innovation (en généralisant et en rentabilisant ces innovations sur le marché) vers le Green Businness. Il a la volonté de faire acquérir à son pays un avantage concurrentiel en ce domaine.

Les efforts en termes de Recherche et Développement doivent être orientés par l’administration à travers les plans de relance et les budgets vers l’énergie déclarée comme une des trois priorités.

La nomination de Steve Chu comme secrétaire d'Etat à l’énergie et qui a reçu le prix Nobel de physique témoigne de cette volonté de se tourner vers les énergies renouvelables.

Cependant les lobbys des producteurs de pétrole et de charbon restent puissants et sont bien représentés au Congrès et au Sénat dans les ranges des politiques issus des Etats américains producteurs.

Et une nouvelle politique doit passer par l’établissement de ce fameux consensus si cher aux américains, donc par les assemblées.


Sur le plan extérieur, l’Amérique a du renoncer au « rêve » de la présidence Bush de domination géopolitique du Moyen Orient et de l’Asie Centrale, … et de ses immenses réserves d’hydrocarbure. Alors que la géopolitique d’approvisionnement en énergie mondiale et aux matières premières s'est effectuée ces quinze dernières années dans un contexte accru de compétitions pour l’accès aux ressources.

L’administration amércaine ne peut que prendre en compte les échecs relatifs de l’Irak et de l’Afghanistan, qui affaiblissent les positions des Etats-Unis tout comme la crise.

Et Obama semble avoir pris acte du renforcement d’un monde plus multi polaire avec la montée en puissance de la Chine et le retour de la Russie.


Obama ne peut que prendre en compte également les réalités de la politique énergétique actuelle pour négocier une transition.

Les Etats-Unis ont une consommation énergétique en 2007 de 2 361,4 millions de tonnes équivalentes pétrole (Mtep) pour une consommation au niveau mondial de 11 099,3 Mtep.

Cette consommation des Etats-Unis représente plus de 20 % de la consommation énergétique mondiale alors que les américains représentent 6 % de la population mondiale.


Dans cette consommation d’énergie des Etats-Unis, le pétrole a représenté 943.1 Mtep (soit 39% du total de la consommation énergétique des E-U et 24% du total de la consommation mondiale de pétrole).

Le gaz 595.7 Mtep (soit 25% du total de la consommation énergétique des E-U et 22% du total de la consommation mondiale de gaz).

Et le charbon 573.7 Mtep (soit 24% du total de la consommation énergétique des E-U et 18% du total de la consommation mondiale de charbon).


Un changement de modèle sera donc délicat à négocier pour l’économie et le mode de vie américain.

Ceci explique sans doute la prudence de l’administration américaine qui reste sur des objectifs « mesurés » pris dans le cadre des engagements de campagne d'Obama.

Ces objectifs sont de 14 à 15% de réduction des émissions de GES en 2020 par rapport aux niveaux de 2005 puis 80% en 2050.

Alors que l’Europe a pour objectif une réduction de ses émissions de 20% en 2020 par rapport aux niveaux de 1990.


Dans tous les cas, les avancées des Etats-Unis en ce qui concerne le réchauffement climatique, pour le sommet de Copenhague, devraient être conditionnées avant tout par des facteurs de politique intérieure.


A propos du réchauffement climatique :

Réflexion durable :

Politique de la Chine

http://reflexiondurable.blogspot.com/2009/03/la-politique-energetique-de-la-chine.html

Politique des Etats-Unis

http://reflexiondurable.blogspot.com/2009/03/barack-obama-nouvelle-politique.html

Politique de la Russie

http://reflexiondurable.blogspot.com/2009/02/russie-une-strategie-ambigue-vis-vis-du.html

Les pays producteurs de charbon

http://reflexiondurable.blogspot.com/2009/01/le-changement-climatique-les-pays.html

http://reflexiondurable.blogspot.com/2009/01/limpratif-de-la-matrise-du-changement.html

Divers

http://reflexiondurable.blogspot.com/2009/04/g8-environnement-en-attendant.html

http://reflexiondurable.blogspot.com/2009/03/rechauffement-climatique-et-oceans.html

http://reflexiondurable.blogspot.com/2009/05/petites-phrases-entre-usa-france-et.html


Sources :

Le Monde du 28 avril 2009 « L’administration Obama œuvre sur deux fronts face à la question climatique » de Corine Lesnes

BP Stacial rewiew of world energy june 2008.

A lire également:

Interwiew de Libération sur la politique énergétique des Etats-Unis

http://environnement.blogs.liberation.fr/noualhat/2009/05/en-2040-plus-besoin-de-p%C3%A9trole-aux-usa.html

Le Figaro:

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2009/05/14/01011-20090514FILWWW00266-usa15-d-energie-renouvelable-en-2020.php


ALAIN

2 commentaires:

mn a dit…

Les enjeux vont, je pense, un peu plus loin dans la réflexion d'une économie à la dérive.
Quelques éléments intéressants sur leblogluxe, agrémentés de vidéos détaillées. L'écologie y est aussi abordée (prévoir une demi journée).

Alain a dit…

Merci pour votre intervention complémentaire et judicieuse sur la problèmatique du peak oil.
Cette problèmatique est très certainement une des motivations des pensées américaines en la matière.

En 2007, toujours selon les stats de BP, les réserves prouvés de pétrole étaient de 168,6 milliards de tonnes de pétrole.
La consomation était de 3,952 milliards de tonnes cette même année.
Toujours selon BP, le ratio réserves / production est stable depuis une dizaine d'années et se situe aux alentours de 40 (années de production).
Il est clair cependant que la demande mondiale de pétrole ne peut qu'augmenter.
A priori de nouveaux gisements devraient être découverts et mis en production dans les années à venir, notamment dans l'arctique avec le réchuaffement (qui faciliter cette activité) et dans la Sibérie et l'Extrême Orient russe, nouvelle frontière du pétrole.