lundi 2 mars 2009

Barack Obama – nouvelle politique énergétique et développement durable : un nouvel axe de la stratégie de puissance des Etats-Unis ?


En complément du post de Steve du 27 février 2009, je reviens sur la politique planifiée de la Maison Blanche en matière énergétique.


A l’occasion de la crise systémique qui touche l’ensemble de la planète, de nombreux gouvernements, comme la France, placent au cœur de leurs plans de relance des investissements ayant trait développement durable (dans les énergies renouvelables, l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments, prime à la casse des véhicules les plus âgés et polluants,…), voir affichent leur souhait et leur ambition de refonder le système sur la base du développement durable comme le président américain Barack Obama.


Barack Obama a présenté aux votes du Congrès américain durant le mois de février 2009 son plan de relance de 787 milliards de dollars.

Barack Obama s’est également exprimé devant le Congrès le 24 février 2009 sur ce sujet ainsi que sur son premier projet de budget, l’engageant dans de grandes réformes. Le document qui trace les grandes lignes budgétaires avant d’être détaillé plus tard dans l’année définit trois domaines prioritaires: la couverture santé, l’éducation et l’énergie.

Le plan de relance prévoit également entre autres de faire des investissements très importants dans le domaine de la recherche fondamentale concernant l’énergie.

Barack Obama a également annoncé le doublement des crédits consacrés aux énergies renouvelables dans les trois prochaines années, ainsi qu’un effort particulier sur l’isolation et la construction de bâtiments à faible dépendance énergétique. Des investissements conséquents seront également réalisés pour favoriser le développement des biocarburants, des moteurs hybrides, etc.


De plus, le plan « New Energy for America » Obama-Biden prévoit :

- « D’aider à créer cinq millions de nouveaux emplois en investissant150 milliards de dollars sur les 10 prochaines années pour construire un futur à énergie propre.

- D’ici 10 ans d’économiser plus de pétrole que celui importé actuellement du Moyen Orient et du Venezuela.

- De mettre en service 1 million de voitures hybrides sur les routes pour 2015, véhicules dont le gouvernement veut être sûr qu’ils soient construits en Amérique

- D’assurer 10% de la production d’électricité à partir de sources renouvelables pour 2012 et 25% pour 2015.

- Faire des USA un leader sur la problématique du changement climatique. … » (Site de la Maison Blanche- agenda sur l’énergie et l’environnement).


Barack Obama, et les Etats-Unis derrière lui, ne se sont pas convertis à une vision idéaliste du développement durable à travers la réalisation de ces investissements au profit de l’humanité.

Le Président américain ne conçoit pas uniquement ses investissements comme un outil pour répondre aux enjeux du réchauffement climatique, voir comme un mode d’action pour remobiliser sur des objectifs ambitieux la société américaine sonnée par la crise.

Derrière ces objectifs affichés, la réorientation stratégique des Etats-Unis vise à ce que l’effort RD du plan de relance permette au pays d’acquérir la maîtrise des technologies clés innovantes de demain en ce domaine. Cela assurerait ainsi la prospérité et favoriserait l’indépendance nationale tout en créant des emplois.

Dans son discours du 24 février 2009 devant le Congrès, Barack Obama a réaffirmé ces objectifs en citantla Chine, qui s’est lancée dans un programme de diversification de ses ressources énergétiques. « Nous avons inventé l’énergie solaire, mais nous sommes derrière l’Allemagne et le Japon en ce qui concerne sa production » a-t-il poursuivi, « on assemble des véhicules hybrides, mais ils roulent avec des batteries coréennes »affirmant alors ; « Je n’accepte pas un futur où les emplois et les industries de demain s’installent ailleurs qu’aux Etats-Unis. Il est temps pour les USA d’être encore leader. ».

Dans le domaine du développement durable comme dans les autres domaines industrielles, la recherche de la supériorité sur ses concurrents (entre nations, entre entreprises) par la maîtrise des technologies clés est bien un enjeu de puissance comme un objet de stratégie de puissance.

Et les Etats-Unis comptent bien aujourd’hui tenter de modeler le monde de demain en étant présent et en détenant un maximum de technologies clés liées au développement durable.

Cette réorientation stratégique des Etats-Unis est-elle la conséquence de l’échec de la tentative de l’Administration Bush dans sa stratégie de contrôle global des énergies au Moyen-Orient (défaite en Irak) et en Asie Centrale (échec à installer son influence face à la Russie, alliée de la Chine et de l’Iran, dans les ex-Républiques de l’URSS et retrait récent du Kirghizistan, cas de l'Afghanistan) ?


Du fait de la place qu’occupent les Etats-Unis au centre du système monde actuel et de leur influence sur ce système, la volonté de la présidence de réorienter la stratégie de développement sociétal, économique et industriel en s’appuyant sur le développement durable ne doit être observée qu’avec plus d’attention. Sa traduction en actions permettra de mesurer la capacité d’engagement et de réactivité des Etats-Unis suite à la crise.


Sources :

http://www.whitehouse.gov/

http://www.whitehouse.gov/agenda/energy_and_environment/

http://www.whitehouse.gov/the_press_office/Remarks-of-President-Barack-Obama-Address-to-Joint-Session-of-Congress/

http://www.jdf.com/essentiel/2009/02/28/04003-20090228ARTHBD00023-audacieux-le-premier-budget-obama-allie-relance-et-rigueur.php

http://www.leconomiste.com/article.html?a=91721

http://www.affaires-strategiques.info/spip.php?article833


ALAIN

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