lundi 23 février 2009

Russie : une stratégie ambigüe vis-à-vis du réchauffement climatique complétant sa politique de puissance énergétique et minière


Le 19 février 2009, le Figaro rendait compte de la présentation par la Russie de son rapport sur le réchauffement climatique. Ce rapport met en avant un réchauffement de la température moyenne en Russie avec une augmentation de 1, 29 °C au cours du siècle écoulé (1907-2006) et des effets bénéfique pour ce pays.

La politique de puissance énergétique et minière de la Russie pourrait se doubler d’une stratégie équivoque sur le changement climatique perçue comme bénéfique par les autorités russes.


La Russie dispose de ressources minières (charbon, fer, nickel, diamant, etc.) et énergétiques (pétrole, gaz) abondantes, qui en font l'un des principaux producteurs et exportateurs mondiaux.

L’originalité et la puissance de la métallurgie russe provient de son incroyable variété, puisque de nombreux métaux se retrouvent en quantités significatives en Russie.

Son économie est marquée par le poids des industries extractives : gaz naturel (1erproducteur et exportateur mondial, 1re réserve), pétrole (1er producteur et exportateur mondial), charbon (5e pays producteur et 2e réserve mondiale), métaux non ferreux.

Moscou, fortement présent dans ces industries extractives et dans les autres entreprises liées à ces ressources, pratique une stratégie de puissance énergétique. Le « pays des Tzars » se sert de ses richesses en ressources comme une arme de rente économique et un moyen de pression vis-à-vis des autres Etats comme le cas de Gazprom l’illustre.

La politique de puissance énergétique et minière de Moscou s’accorde le plus souvent bien mal avec la notion de « développement durable » reposant sur un système permettant d’utiliser les ressources de manière raisonnable et sur la réduction de l’impact environnemental.

Si la Russie répond bien à une demande en énergie et en minerais, la Russie n’ignore également pas que le charbon, le gaz et le pétrole extraits de son territoire ont in fine un impact fort sur les émissions de Gaz à Effet de Serre et le réchauffement climatique.


Le rapport de Moscou sur le changement climatique pointe bien des risques d’inondation et de sécheresse. Mais les grandes tendances nationales dégagent des effets positifs soulignés par ce rapport : « fonte annuelle plus approfondie du permafrost (couche du sol gelé depuis des millénaires parfois jusqu'à des dizaines de mètres de profondeur, qui couvre 60 % du territoire russe), et recul des zones touchées par le permafrost de 30 à 80 km vers le nord, perspective d'une meilleure navigabilité dans l'océan Arctique, de plus en plus longtemps libéré de la banquise, extension de la zone cultivable vers le nord du pays »,…


Ainsi le réchauffement a des effets positifs pour la Russie, pays marqué par l'immensité de son territoire et un milieu naturel difficile à maîtriser du fait de son climat. Et le changement pourrait bien cyniquement lui permettre d’optimiser sa stratégie de puissance en lui permettant d’exploiter plus efficacement ses ressources minières et énergétiques concentrées dans l’Oural, en Sibérie et en Arctique.


Sources :

http://www.lefigaro.fr/sciences/2009/02/19/01008-20090219ARTFIG00351-la-russie-se-rechauffe-plus-vite-que-le-reste-de-la-planete-.php

http://www.climatechange.ru/files/obzhee_rezume_eng.pdf

Gazprom l’arme de la Russie : http://www.infoguerre.fr/?p=1824

Les métaux, nouvel arme économique russe : http://www.infoguerre.fr/?p=1906


ALAIN

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