mercredi 29 avril 2009

L'or bleu en crise : l'eau, nouvelle arme de guerre



L’eau est devenue, depuis quelques années, une ressource tout aussi stratégique que le pétrole. Qui tient l’eau, tient le pouvoir ! Ce n’est pas anodin si depuis 50 ans, certains programmes des Nations Unis se sont intéressés de prêt aux violences liées à l’eau. De même, ceci n’est pas le fruit du hasard si le président Obama a mis l’eau au cœur de sa politique étrangère. Les américains semblent avoir bien intégré cette dynamique de l’eau comme facteur de relance économique et de puissance.

D'une crise de l’eau...

Force est de constater que depuis 30 ans nos modes de vie ont évolué. Qui dit mode de vie, dit consommation et qui dit consommation dit besoin d’eau pour produire. Ainsi, un certain nombre de région souffre actuellement de stress hydrique que l’on pourrait qualifier de moderne, de par leur caractère récent. Ainsi, la Méditerranée, avec 32% du tourisme mondiale, se trouve dans cette situation. Victime de son succès, ses besoins grandissant en eau seraient dûs au tourisme. Rappelons, à cet effet, que chaque touriste consomme en moyenne 4 fois plus d’eau qu’un habitant de la région ! Lié à l’accroissement de population, l’Ethiopie souffre aussi, à sa manière, de stress hydrique. De fait le pays a vu sa population s’accroitre fortement ces dernières années et par là ses besoins ! Berceau du Nil, l’Ethiopie qui ne consomme que 3% d’eau de ce fleuve, en fournit plus de 80% à ses voisins. Afin de satisfaire ses nouveaux besoins en eau pour alimenter sa population et cultiver ses terres, la solution serait d’augmenter sa consommation d’eau du Nil. Mais malheureusement, pour des raisons historiques et diplomatiques, l’Egypte et le Soudan, qui s’occupent de la gestion du Nil, se refusent à toute négociation. Dépassant le simple cas d’une crise, l’eau apparaît même ici comme un enjeu géopolitique. Si l’Ethiopie pouvait opérer sur le Nil un retour de puissance, elle deviendrait, à l’image de la Turquie et de la Chine, une puissance hydrique. D’ailleurs cette éventualité n’est pas passée inaperçue aux yeux des américains qui ont signé un partenariat privilégié avec le pays. Ce qui m’amène à mon second point, la guerre de l’eau.

A une guerre de l'eau

Certes, puissance hydraulique par excellence, la Chine souffre pourtant d’anomalies géographiques et environnementales. Représentant 20% de la population mondiale, le pays ne détient que 7% de l’eau douce mondiale. Pour autant, la Chine n’hésite pas, afin de satisfaire tous ses besoins, à exercer des pressions sur le Tibet, château d’eau de l’Asie, ainsi que sur les pays alentours, en se positionnant comme le robinet de l’Asie. De fait, la grande majorité des fleuves qui arrosent les pays d’Asie traversent son territoire. Mais à cette problématique de quantité s’ajoute une problématique de qualité, plus grave encore. En effet, la Chine ne se soucie guère des questions de pollution et met ainsi en péril ses propres réserves d’eau, si petites soient-elles. Ajoutons à cela, le constat de l’évolution des modes de consommation chez les asiatiques. De fait, l’exportation de nos modes de consommation (viande rouge, pain…), implique une croissance de nos besoins en eau. A titre d’exemple, pour avoir 15 kg de bœuf, cela nécessite 15 fois plus d’eau que pour produire 15 kg de blé. Plus concrètement, des études montrent que pour la fabrication d’un seul hamburger, il faut environ 6 mille litres d’eau !

Sur ces constats, il apparaît nécessaire de faire ressortir les problématiques d’eau, comme des problématiques géopolitiques à la fois en tant que facteur de développement mais aussi en tant que facteur de puissance. Mais surtout, derrière ces problématiques se cachent de vrais enjeux de sécurité alimentaire, des enjeux humanitaires et agricoles.


Sources : "L'eau, géopolitique, enjeux, stratégie" de Franck Galland

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