samedi 18 avril 2009

Les guerres de l'eau? Stratégies de puissance et de survie.


De nombreux avis d’experts, exposés dans des ouvrages récents, mettent en lumière les problématiques de l’eau, ressource vitale pour l’avenir du monde et enjeu stratégique.

Force est de constater que l'accès à cette ressource est inégal selon les niveaux de vie des populations.

Des populations vivant dans des régions à l’eau abondante (Afrique Equatoriale) ont des problèmes d’accès à l’eau potable alors que certains Etats (Israël, Sud Ouest des Etats-Unis), se développant dans des régions peu hospitalières de ce point de vue, réussissent à y accéder de manière efficace.

Bien avant de s’imposer comme un droit, il y a urgence dans de nombreuses régions du monde pour l’accès à l’eau potable. Aujourd’hui, 1,5 milliards de personnes ne bénéficient pas de cet accès. En Afrique, selon l’OMS, « la mortalité due au non accès à l’eau potable et à l’assainissement atteint 24,1% en Angola, 23% au Niger,… ». Bien avant d’être enjeu de puissance, la « guerre de l’eau » est une guerre contre la misère.

L’eau est également un enjeu de poids pour les politiques agricoles, industrielles et les pollutions.

L’agriculture prélève la majorité de l’eau. L’eau potable est polluée du fait du développement d' activités humaines mal contrôlées. La pollution de l’eau en Chine notamment dans les régions du nord est un véritable mal.


La gestion de l’eau s’impose donc avec plus de poids comme un enjeu stratégique pour la vie et le développement de certains pays : l'Australie est un pays sujet à de fortes sécheresses depuis quelques années (mises en avant dans les actualités françaises autour des incendies qui en découlent et qui ont durement frappé dernièrement ce pays par leur ampleur). Israël développe le dessalement des eaux de mer. Pour faire face à ces besoins, la Chine a construit le barrage des Trois Gorges et projette de transferer du sud vers le nord par des canaux les eaux des grands fleuves ayant leurs sources dans le Tibet. ...


L’eau s’impose également comme un facteur de gestion de stratégies de puissance entre Etats devenant une source de tensions : cas en Asie Centrale autour des questions de répartition des eaux entre les ex Républiques issues de l’URSS (Kazakhstan, Ouzbékistan, Turkménistan, Tadjikistan et Kirghizstan) ; Israël et les eaux du Jourdain et de la Cisjordanie ; la Turquie , château d’eau, avec l’aménagement des barrages inquiétant la Syrie et l’Irak ; la domination de la Chine sur le Tibet qui perçoit ses ressources en eau comme stratégique, mais le Tibet est également le château d’eau pour l’Asie du Sud Est et l’Asie du Sud y compris l’Inde ; …


Les solutions résident dans la gestion des approvisionnements et de l'aménagement des territoires. Ces solutions ne peuvent être que locales et sous régionales tout en tenant compte des paramètres culturels, sociologiques, économiques, géographiques et politiques.

Le réchauffement climatique accroissant le stress hydrique de certaines régions, l’accroissement de la population mondiale et les besoins en terme de croissance économique rendront d’autant plus cruciaux les enjeux autour de l’eau dans les décennies à venir. Et l’Europe se trouve également affectée par cette problématique du fait des tensions autour du pourtour méditerranéen et de sa proximité avec l’Afrique du Nord. Elle ne peut donc se désintéresser de la question et se doit d’élaborer une stratégie adéquate.


Autres posts et liens intéressants sur l’eau :


A propos des enjeux de gestion de l’eau entre la Turquie et ses voisins :

Infoguerre : "Turquie, Syrie et Irak: la guerre de l'eau aura-t-elle lieu?"

http://www.infoguerre.fr/?p=1804

A propos de la domination de la Chine sur le Tibet, château d’eau pour l’Asie du Sud Est et l’Asie du Sud : Infoguerre : « L’or bleu tibétain et l’intarissable soif de la Chine »

http://www.infoguerre.fr/?p=1877


Sources :

« La guerre de l’eau aura-t-elle lieu ? » de Nicolas BORDAS dans la TRIBUNE du vendredi 10 avril 2009

« L’eau, géopolitique, enjeux, stratégies » de Franck GALLAND.

Rapport « safer water, better health » de l’Organisation Mondiale de la Santé

http://www.who.int/water_sanitation_health/publications/safer_water/en/


ALAIN

1 commentaire:

Matthieu a dit…

Article de problématisation intéressant. Il couvre pas de zones géographiques, auquel il faut rajouter, entre autres : la question du bassin du Mekong, les pollutions de l'eau de l'Amour et autres cours d'eau frontaliers entre la Russie et la Chine...
Quant aux solutions, il semble qu'elles ne puissent être trouvées qu'au niveau des bassins versants. Si cela peut être relativement facile au niveau national, les choses se complique fortement lorsque effectivement ces bassins comprennent plusieurs Etats. A ce jour, seul un mécanisme de gestion transfrontalière des ressources hydriques est efficace : celui entre la Suisse, l'Allemagne et la France autour du Rhin. D'autres s'améliorent, mais n'ont pas encore atteint un niveau aussi perfectionné de la gestion de la ressource : mécanismes autour du Danube et de la région des Grands Lacs Nord-Américains.